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dans les salons tant qu’elle lui était laissée par l’indulgence de son mari.

Ce plan fut exécuté pendant un an tel qu’il avait été réglé.


XXIV


Tout ce que j’ai dit jusqu’ici de Régina, je ne l’ai su que plus tard par elle, mais cela était nécessaire à dire pour donner une signification à la visite inattendue que je venais de recevoir au fond des forêts de la Bourgogne, et un sens aux lettres de Saluce que j’ai conservées et dont je copie ici quelques fragments. Ces lettres donnent pour ainsi dire l’envers et la suite de la passion de cette enfant, passion née d’un rêve et devenue par un hasard une déchirante réalité. Je copie ici littéralement les lettres de Saluce, me bornant à quelques suppressions et à quelques corrections de style qui n’enlèvent rien à la vérité et qui n’ajoutent rien à la passion. Saluce écrivait mieux que nous tous à cette époque, quand il voulait réfléchir sa pensée ou quand il était ému. Son éducation, moitié anglaise, moitié italienne, lui donnait un accent étranger et des ressources d’expressions qui manquent trop souvent aux hommes d’une seule langue.