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DIXIÈME LETTRE


« Rome.


. . . . . . . . . . . . . . . . .

« Tu connais la villa Pamphili. Tu te souviens peut-être qu’un jour nous y allâmes ensemble au mois d’avril, et qu’en regardant au bout des grands pins la pente de gazon qui descend vers la chaumière et qui se termine dans la plaine voilée de brumes, que transpercent seulement les arches jaunes de travertin des aqueducs en ruine, tu me disais : « C’est trop beau pour l’homme ! Il n’y a que l’amour qui soit digne d’habiter là ! »

« Eh bien, prophète ! cela n’est pas trop beau ; l’amour y est venu, et il a mille fois encore embelli ces scènes mélancoliques de la ville que tu appelais le jardin de l’infini !

« Nous y venons souvent à la chute du soleil dans la Méditerranée, pendant que les Romains et les étrangers courent au Corso entre deux murs qui se renvoient la poussière. Comme la princesse *** est censée habiter le couvent, la comtesse Livia ne la promène que dans les lieux déserts, à Albano, à Tivoli, à Frascati, aux monuments, aux jardins de Dioclétien, au tombeau de Cecilia Metella, dans la campagne de la Sabine, ici, partout où il n’y a qu’elle et moi. Comme je suis peu connu à Rome, je passe, quand on nous rencontre, pour un neveu de la comtesse Livia, venu de Sicile pour servir de bras à sa