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TOUSSAINT LOUVERTURE.

Oh ! je cours le chercher.

Il s’élance vers la porte et revient avec quelque hésitation.

Oh ! je cours le chercher.Oh ! qu’il sera content
De revoir cette sœur dont je lui parle tant !

adrienne.

Dont tu lui par les tant… Lui donc n’en parle guère ?

isaac.

Il m’en parle aussi, lui, mais d’un ton plus sévère,
Pour me gronder parfois avec un air moqueur
Des puérilités qui remplissent mon cœur.

adrienne, avec un désespoir étouffé.

Quoi ! nos chers souvenirs, c’est ainsi qu’il les nomme !

isaac.

Oh ! mais c’est que, vois-tu, mon frère est bien plus homme !
Les hommes ! nos bonheurs, c’est trop petit pour eux.
C’est égal, de te voir il sera bien heureux.
Attends-nous.

Adrienne, avec un air de reproche, lui montre les fers rivés
à ses pieds.

Attends-nous.Oh ! mon Dieu, je t’ai fait de la peine.
Étourdi, laisse-moi baiser au moins ta chaîne.

Il embrasse les fers d’Adrienne.

Que c’est froid ! que c’est lourd ! cela, glace les doigts.

Il s’échappe.
adrienne.

Ah ! les mots qu’il a dits sont plus durs et plus froids.


SCÈNE QUATRIÈME


adrienne, seule.

Je vais donc-le revoir… Lui !… moi !… bientôt ensemble !…
Lui !… mais est-ce encor lui ? Comme tout mon cœur tremble !