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LE TAILLEUR DE PIERRE

aussi du côté opposé à l’élévation où j’avais entendu Denise. C’étaient les garçons, les filles et les enfants de la noce du lendemain qui étaient venus, pour me faire fête et surprise, passer la nuit aux Huttes et promener en signe de réjouissance leurs torches de paille et leurs mâts de sapin allumés autour de Denise et de moi. Ils venaient d’y mettre le feu en m’entendant répondre à Denise, et ils s’avançaient en poussant des cris de joie et en secouant leurs flammes et leurs étincelles au-dessus de leurs têtes dans la nuit.

» À la réverbération de ces torches enflammées, je vis clairement Denise au sommet de la carrière, droit sur la voûte en face de moi. Son garçon la tenait par la main, et sa petite fille était pendue à son cou, assise sur son bras, comme on représente la sainte Vierge portant l’enfant Jésus. Elle regardait vers moi avec un visage de bonheur et d’amour, tout illuminé en rouge par le feu des Bordes. Je lui tendis les bras, puis tout à coup je poussai un grand cri, et je lui fis signe de se sauver de là où elle était.

» Ma pensée venait de me frapper comme un coup de marteau dans la tête. Les garçons et les jeunes filles s’approchaient d’abord du chemin où j’avais semé mon amorce sur mon amadou le matin. Une étincelle emportée par le vent suffisait pour allumer la mèche et pour faire sauter le rocher sur la caverne où était Denise !

» Hélas ! monsieur, je pensais trop tard. Je n’avais pas eu le temps de décoller ma langue de mon palais et d’étendre la main vers Denise, qu’un coup de tonnerre souterrain éclata sous ses pieds, et que je la vis lancée avec ses deux petits enfants encore à son cou et la hauteur de la tête du sapin, et retomber au-dessus d’un nuage de fumée comme une sainte descendant du ciel, s’engloutir avec eux dans la voûte qui venait de s’entrouvrir et de se refermer avec le bruit de l’écroulement du monde sur elle !… Grand Dieu ! que ne se referma-t-il du même coup sur moi !…