Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 32.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
ACTE II, SCÈNE II

Aux enfants.

C’est pourtant vous, petits, qui me valez cela.
C’est pour ces vilains noirs que je hais,

Albert fait un geste de douleur.

C’est pour ces vilains noirs que je hais,Et que j’aime,

Elle se rapproche d’Albert et met la main sur son bras en souriant.

Que ce front, destiné peut-être au diadème,
Va ravir des soldats dans ce simple appareil,
Et, pour comble d’horreur, se hâler au soleil.
Je vous déteste bien, allez… mais je pardonne.
Si la tente est jolie ; allons voir.

Madame Leclerc sort suivie de son cortège ; Albert et Isaac l’accompagnent.
albert.

Si la tente est jolie ; allons voir.Qu’elle est bonne !


SCÈNE SIXIÈME


TOUSSAINT, ADRIENNE, SOLDATS, puis MADAME LECLERC.
Quelques soldats, détachés des travaux du fort, marchent sur la cabane de Toussaint pour la démolir. — Adrienne se jette à leurs pieds. Toussaint lève les bras vers eux et semble les supplier.
un soldat.

Ah ! chien de moricaud !

un autre soldat.

Ah ! chien de moricaud !Ah ! noirs et négrillons !
Au diable ! allez ailleurs planter vos pavillons !

adrienne, joignant les mains.

Ah ! messieurs — un aveugle ! — hélas ! si peu de place.
Où voulez-vous qu’il aille ?… Oh ! laissez-nous, de grâce !