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jocelyn.

Où deux droits violés se heurtent dans le temps :
Quel que soit le vainqueur, malheur aux combattants ?
L’un, possesseur jaloux d’un héritage inique,
Se fait un titre saint d’une injustice antique,
Veut que l’oppression consacre l’oppresseur,
Et croit venger le ciel en défendant l’erreur ;
L’autre, le cœur aigri par une vieille offense,
Dans la raison qui luit ne voit qu’une vengeance :
Et, s’armant à sa voix d’un droit ensanglanté,
Brûle, pille et massacre à coups de vérité :
Ainsi l’abîme appelle un plus profond abîme.
Qu’y faire ? La raison n’a que le choix du crime.
Faut-il que le bien cède et recule à jamais ?
Faut-il vaincre le mal à force de forfaits ?
Devant ces changements le cœur du juste hésite :
Malheur à qui les fait ! heureux qui les hérite !