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cinquième époque.

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La mort ? Oui, si j’étais encore homme peut-être ?
Pardonnez !… J’oubliais, mon Dieu, que je suis prêtre !
Prêtre, dans les cachots par le sang consacré !
Homme immolé déjà, déjà régénéré ;
Victime humaine au Dieu que l’holocauste adore,
Dont la chair sur l’autel palpite et fume encore,
Et qui s’offre elle-même, avant d’oser offrir
La prière d’un monde où prier c’est souffrir.


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Dieu me sèvre à jamais du lait de ses délices.
Eh bien, j’épuiserai la coupe des supplices ;
Dans les vases fêlés où l’homme boit ses pleurs,
Avec lui je boirai ses gouttes de douleurs ;
J’élèverai le cri de toutes ses alarmes,
Je saurai l’amertume et le sel de ses larmes ;
Comme dans ceux du Juste immolé sur la croix,
Tous ses gémissements gémiront dans ma voix ;
Du haut de ma douleur comme de son Calvaire,
Ouvrant des bras saignants plus larges à la terre,
J’embrasserai plus loin, de ma sainte amitié,
Mes frères en exil, en misère, en pitié !
Mon amour fut ma vie : en épurant sa flamme,
Ô Jésus, prête-moi ta charité pour âme !
Fais que j’aime le monde avec le même amour
Dont j’aimai l’ange absent que j’entrevis un jour !