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jocelyn.

Foyer d’amour où cette flamme
Qui circule dans l’univers
Joint le cœur au cœur, l’âme à l’âme,
Enchaîne les sexes divers,
Tu resserres et tu relies
Les générations, les vies,
Dans ton mystérieux lien ;
Et l’amour qui du ciel émane,
Des voluptés culte profane,
Devient vertu s’il est le tien !


Dieu te garde et te sanctifie :
L’homme te confie à la loi,
Et la nature purifie
Ce qui serait impur sans toi.
Sous le toit saint qui te rassemble,
Les regards, les sommeils ensemble,
Ne souillent plus ta chasteté,
Et sans qu’aucun limon s’y mêle,
La source humaine renouvelle
Les torrents de l’humanité.


Ils ont quitté leur arbre et repris leur journée.
Du matin au couchant l’ombre déjà tournée
S’allonge au pied du chêne et sur eux va pleuvoir ;
Le lac, moins éclatant, se ride au vent du soir ;
De l’autre bord du champ le sillon se rapproche.
Mais quel son a vibré dans les feuilles ? La cloche,
Comme un soupir des eaux qui s’élève du bord,
Répand dans l’air ému l’imperceptible accord,