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notes.

plus grande et moins lumineuse que les autres. Comme, deux jours plus tard, elle avait changé de place, il pensa d’abord que c’était une comète ; mais il ne tarda pas à reconnaître qu’il avait trouvé une planète nouvelle. Pendant que cette découverte absorbait l’attention de tous les astronomes, sir William Herschel constatait que sa planète était accompagnée de six satellites…

» En rapportant aux étoiles enregistrées dans les catalogues que l’on possédait les lieux que cette planète avait dû occuper à différentes époques du passé, on reconnut qu’elle avait été observée par Flamsteed en 1690, par Mayer en 1756, et par Lemonnier en 1760. Ces astronomes l’avaient notée comme étoile en dix-neuf positions différentes, sans soupçonner que ce fût une planète, quoiqu’elle eût un disque très-appréciable ; mais sans doute les lunettes dont ils se servaient n’étaient pas assez puissantes pour le faire distinguer. Delambre appliqua la théorie de Laplace au calcul des tables d’Uranus : pendant trois ans, elles ne furent en erreur que de 7". Cette erreur cependant s’accrut, et bientôt il fallut construire de nouvelles tables. M. Bouvard se chargea de ce travail, qu’il publia en 1821. Il s’appuya non-seulement sur les observations recueillies depuis la découverte de la planète, mais sur les observations antérieures. Cependant, qu’il tînt compte ou non de ces premières observations, M. Bouvard trouva toujours que ses tables ne représentaient pas bien le lieu où il voyait Uranus ; et, comme il avait eu égard aux perturbations de toutes les autres planètes connues, il en vint à penser que les discordances qu’il remarquait étaient l’effet de quelque astre inconnu situé plus loin qu’Uranus, et dont l’action troublait la marche de cette planète.

» La découverte de Neptune a vérifié ce mot de Th. Campbell : « Les événements à venir sont précédés de leur ombre. » Les différences entre le lieu réel d’Uranus dans le ciel et celui qu’assignaient les tables, s’étaient accrues à ce point que, de 1833 à 1837, la distance de la planète rebelle au Soleil différait de celle que fournissaient les tables de toute l’étendue qui sépare la Lune de la Terre, environ quatre-vingt-seize mille lieues, et qu’en 1841 l’erreur en longitude géocentrique s’élevait à 96". L’accroissement de ces dérangements était lent et uniforme ; et comme la révolution d’Uranus s’accomplit en quatre-vingt-deux ans, on jugea qu’il fallait une planète à période encore plus longue pour produire les discordances observées.

» On fut, en conséquence, de plus en plus porté à admettre l’existence d’une planète plus éloignée qu’Uranus ; six astronomes