Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 41.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
FIOR D’ALIZA.

jamais oubliés dans notre misère et qui as préféré la veste brune et le bonnet de laine de ton cousin aux plus riches habits et aux chapeaux galonnés des villes.

LXIII

Fior d’Aliza rougit, détourna la tête et regarda, appendue à la muraille, la zampogna de son cousin absent. L’enfant, en remuant ses petites mains du fond de son berceau, toucha par hasard l’outre dégonflée de la zampogna, où dormait un reste de vent de l’haleine de son père ; la musette rendit un petit son, comme la touche d’un clavier sur lequel un oiseau familier se perche par hasard en voltigeant libre dans la chambre d’une jeune fille. L’enfant effrayé retira sa main.

On dirait que c’est Hyeronimo qui enfle son outre en montant la montagne pour nous avertir de son approche, dit l’aïeule.

Le père soupira ; la jeune sposa ne dit rien, mais elle se leva de table et inclina involontairement la tête hors de la porte, comme si elle avait pu reconnaître, de l’oreille, les pas de son amant dans la nuit ; puis elle rentra tristement, sourit à son enfant, lui fit couler deux ou trois gouttes de lait sur les lèvres, et revint s’asseoir à côté de la vieille aïeule.