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CHAPITRE III.

d’Aliza tenait le coffre ouvert pour me laisser voir ces trois chefs-d’œuvre, quels instruments ! et comme Antonio en jouait alors qu’il avait les doigt agiles et le souffle fort ! Non, jamais aucune Madone des coins de rues, à Lucques, a Pise, à Sienne, peut-être à Rome, n’a entendu des sérénades pareilles pendant les nuits de la semaine de la Passion ; on priait rien qu’a les entendre, les anges souriaient en pleurant et les soirs d’été, après la moisson, quand elles jouaient des airs de danse, les chênes mêmes auraient bondi en cadence en les écoutant.

Le couvercle du coffre échappa à ces mots de la main de la pauvre nourrice, et retomba avec un bruit sépulcral sur les zampognes désormais muettes. Elle avait pensé a son amant.

— C’est vrai, dit l’aïeule, que le pauvre Hyeronimo en jouait encore mieux que mon mari et que son père ! Et celle-ci ajouta-t-elle en montrant Fior d’Aliza, monsieur, elle en jouerait encore mieux que son mari si elle voulait ; mais depuis nos malheurs, elle n’a plus le cœur à rien qu’à penser à lui, à l’attendre, à le pleurer et à regarder son petit enfant pour retrouver Hyeronimo dans son visage.