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FIOR D’ALIZA.

LXV

Nous vivions ainsi, monsieur, dans le travail, en santé, en bon accord et en joie, dans notre petit domaine indivis entre nous. La maison se composait de mon mari, de moi, d’Hyeronimo, qui grandissait pour nous remplacer, d’Antonio, mon beau-frère, sain et valide alors, qui avait épousé ma sœur, mère de Fior d’Aliza. Ah ! c’est celle-là qui était belle, voyez-vous ! On venait jusque de Pise pour la voir, quand elle descendait à la foire de Lucques avec son mari. Pauvre sœur ! Qui aurait dit qu’elle mourrait avant d’avoir fini d’allaiter son enfant, Fior d’Aliza, que vous voyez devant vous.

LXVI

Antonio, à ce souvenir, passa sa manche sur ses yeux, et Fior d’Aliza regarda son enfant comme si elle eût tremblé de ne pas le nourrir non plus jusqu’au sevrage.

— Avant cette mort et avant celle de mon mari, poursuivit-elle d’une voix affaissée par de tristes souvenirs, nous étions trop heureux ici, mon mari, moi, Hyeronimo, mon