Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 41.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
FIOR D’ALIZA.

jette les poignées sur mon lit ; le coffre où ma tante conservait les habits, les guêtres, les souliers, le chapeau, la zampogne de son pauvre jeune mari défunt, me frappe les yeux au pied du lit de Magdalena ; je l’ouvre, j’en tire convulsivement toutes ces hardes presque neuves : la chemise de toile écrue, avec la boucle de laiton a épingle qui la resserre comme un collier au-dessus de la poitrine ; les larges chausses de velours qui se nouent avec des boutons de corne au-dessous du genou ; la veste courte à boulons de cuivre, les souliers à clous, les longues et fortes guêtres de cuir qui en recouvrent les boucles et qui montent jusque au-dessus des genoux ; le chapeau de Calabre, au large rebord, retombant sur les yeux, à la tête pointue, avec sa ganse de ruban noir et ses médailles de la madone de Montenero, qui pendent et qui tintent autour la ganse. En un moment, je fut revêtue de tout cet habillement, tantôt un peu trop court, tantôt un peu trop large pour ma taille ; mes mains, adroites et promptes comme la fièvre qui me battait dans les tempes, les ajustèrent si vite et si bien sur mes épaules. a ma ceinture, à mes jambes, à ma tête, à mes pieds, qu’on aurait dit que je n’en avais jamais revêtu d’autres, et qu’ils avaient été taillé pour moi.

Puis, prenant au fond du coffre la zampogne qui dormait silencieuse depuis sept hivers, dégonflée et vide, auprès des habits de son maître, j’en passai la courroie autour de mon cou et je la pressai du coude sous mon bras gauche, de manière à ressembler trait pour trait à un jeune pifferaro