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FIOR D’ALIZA.

village où ils allaient maintenant résider avec les nouveaux parents ; la femme du bargello cherchait vainement à prolonger la veillée, pour retenir un peu plus de temps sa fille ; elle souriait de la bouche et pleurait des yeux sur sa maison bientôt vide.

Le petit bouvier rattela ses bœufs au timon fleuri ; on s’embrassa sur les marches de la prison, et le cortège s’en alla sans moi, plus triste qu’il n’était venu, par les sombres rues de Lucques.

CLVIIII

— Et toi, mon garçon, me dirent le bargello et sa femme, où vas-tu coucher dans cette grande ville, par la pluie et le temps qu’il fait ? (Car il était survenu un gros d’automne pendant la soirée des noces.)

— Je ne sais pas, répondis-je, sans souci apparent, mais en réalité bien inquiète de ce que ces braves gens allaient me dire. Je ne sais pas, et je n’en suis guère en peine, il y a bien des arcades vides devant les maisons et des porches couverts devant les églises de Lucques : une dalle pour s’étendre, un manteau de bête pour se couvrir et une zampogne pour oreiller, n’est-ce pas le lit et les meubles des pauvres enfants de la montagne comme je suis ? Merci de m’avoir logé et nourri tout un jour si hon-