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FIOR D’ALIZA.

CLXXXI

Les juges l’ont condamné ; c’était juste ; mais quel est le cœur de père qui ne l’absout pas, et le cœur de fils qui n’adore pas ce criminel ? Nous l’avons guéri, et ma femme a pour lui les soins d’une sœur.

Je sentis des larmes dans mes yeux.

— Celle-là poursuivit-il en passant devant la loge silencieuse d’une pauvre jeune femme en costume de montagnarde, qui allaitait un petit enfant tout près des barreaux, celle-là est bien de la mauvaise race des Maremmes de Sienne, dont les familles récoltent plus sur les grandes routes que dans les sillons ; cependant l’enfant ne peut faire que ce que son père lui a appris.

Elle était nouvellement mariée a un jeune brigand de Radicofani, poursuivi par les gendarmes du Pape jusque sur les confins des montagnes de Lucques ; elle lui portait à manger dans les roches couvertes de broussailles de myrte qui dominent d’un côté la mer, de l’autre la route de l’État romain. Plusieurs arrestations de voyageurs étrangers et plusieurs coups de tromblon tirés sur les chevaux pour rançonner les voitures avaient signalé la présence d’un brigand, posté dans les cavernes de ces broussailles.

Les sbires avaient reçu ordre d’en purger, à tout risque,