Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 41.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
300
FIOR D’ALIZA.

l’aide de laquelle une pauvre prisonnière, qui est ici à côté avec son petit enfant, a scié les fers du beau galérien, son fiancé, et, quand j’aurai la lime je serai bien aussi habile qu’elle à scier un des barreaux, qu’elle l’a été à scier un chaînon du bagne.

J’avais déjà mon idée, mon père !

— Va donc ! et que Dieu et ses anges te bénissent, murmura tout bas Hyeronimo ; mais souviens-toi qu’entre la liberté sans toi et la mort avec toi, je n’hésiterai pas une heure, fût-elle ma dernière heure !

CCVII

Je le quittai tranquille et préparé à recevoir, sans se troubler, le lendemain, la signification de l’arrêt par la bouche du président du conseil de guerre. Je m’approchai avec un visage gracieux, compatissant, de la loge de la femme du galérien qui donnait le sein à son nourrisson ; je la plaignis, je la flattai d’une prochaine délivrance, de la certitude de retrouver son amant après sa peine accomplie ; je la provoquai à me raconter toutes les circonstances que déjà je connaissais de ses disgrâces, je fis vite amitié avec elle, car ma voix était douce, attendrie encore par l’émotion que j’avais dans l’âme depuis le matin ; de plus nous étions du même âge, et