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CHAPITRE VI.

pue par un de mes captifs, et que je voulais à prix d’argent lui fournir le moyen de s’évader.

CCIX

Le lendemain, de grand matin, pendant que je balayais le vestibule et la geôle, un grand nombre de messieurs, vêtus de robes noires et rouges, vinrent lire au pauvre Hyeronimo son arrêt et lui signifier que le duc ayant ratifié la sentence, il n’avait plus de recours qu’en Dieu et qu’il avait quatre semaines et quatre jours pour se préparer à la mort.

Il devait être fusillé sur les remparts de Lucques, au milieu d’une petite place, devant la caserne des sbires, en réparation de ceux de cette caserne qu’il avait tués ou blessés.

Par bonheur, je n’assistai pas à la lecture de la sentence parce que, dans ces occasions, la justice ne laissait entrer avec elle que le bargello.

Quand ils sortirent, les hommes noirs disaient entre eux :

— Quel dommage qu’un si jeune homme et un si bel adolescent ait un visage si trompeur et si candide ! Avez-vous vu de quel front tranquille cet résigné il a entendu son arrêt sans vouloir ni confesser son crime, ni demander sa grâce, ni insolenter la justice ? Ce serait un bien grand innocent, si ce n’était pas le plus précoce des hypocrites.