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FIOR D’ALIZA.

— Mon brave frère Hilario, m’a-t-il répliqué très-sérieusement alors, c’est qu’on ne se sert de ce drôle de Nicolas del Calamayo que quand on a un mauvais coup de justice a faire ou une mauvaise cause à justifier par de mauvais moyens.

— Et le chef des sbires de Lucques, son ami ? ai-je poursuivi ; en sondant toujours la conscience du docteur Bernabo.

— Le chef des sbires, m’a-t-il répondu, n’est pas un coquin aussi accompli que son ami Nicolas del Calamayo : l’un est le serpent, l’autre est l’oiseau que le serpent fascine et attire dans la gueule du vice.

Le chef des sbires n’est qu’un homme léger, débauché et corrompu, qui ne refuse rien à ses passions quand on lui offre les moyens de les satisfaire, mais qui, de sang-froid, ne ferait pas le mal si on ne lui présentait pas le mal tout fait. Vous savez que ce caractère-là est le plus commun parmi les hommes légers ; leur conscience ne leur pèse pas plus que leur cervelle, et ce qui leur fait plaisir ne leur paraît jamais bien criminel.

Tel est, en réalité, le chef des sbires ; son plus grand vice, c’est son ami Nicolas del Calamayo !

— Eh bien ! seigneur docteur, dis-je alors à Bernabo, je vais vous exposer une affaire grave et compliquée dans laquelle le chef des sbires a un intérêt, et Nicolas del Calamagno, les deux bras jusqu’aux coudes.

— Je vous écoute, dit Bernabo.