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CHAPITRE VIII.

CCXXXIV

Hyeronimo, cette fois, me parut plus fou de joie mal contenue que je l’étais moi-même ; il courait et ressautait autour de son cachot, comme un bélier quand il voit entrer dans l’étable la bergère qui va lui ouvrir la porte des champs ; il voulut m’embrasser sur le front comme les autres jours, je me dérobai.

— Non, non, dis-je, raconte-moi d’abord tout ce qui s’est passé entre le père et toi ! Nous aurons bien le temps de nous aimer après ! Qu’est-ce que tu as dit ? qu’est-ce qu’il a répondu ?

— Eh bien ! reprit Hyeronimo, je n’ai pas eu de peine et amener l’entretien où tu m’avais conseillé de le conduire ; car de lui-même, en me revoyant si pâle et si morne, il m’a demandé de lui ouvrir mon cœur comme je lui avais ouvert ma conscience, et de bien lui dire s’il ne restait devant le Seigneur aucun mauvais levain de vengeance contre ceux qui avaient causé par malice ma faute et ma mort, si funeste et si prématurée !

Alors je lui ai tout dit, juste comme tu m’avais dis toi-même, et je me suis montré incapable de pardonner jamais dans le fond du cœur, ni dans ce monde, ni dans l’autre, à ceux qui m’avaient séparé de toi et toi de moi, a moins