Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 41.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
364
FIOR D’ALIZA.

fortifications de la ville, Hyeronimo se trouve hors des murs, libre dans la campagne… Et toi, pourquoi ne le suivrais-tu pas ? me dit la voix, et pourquoi préfères-tu mourir à sa place, plutôt que de risquer la liberté en le suivant dans sa fuite ?…

— Ah ! me répondit la voix dans ma conscience, c’est que si je me sauvais derrière lui, le bargello et sa femme, si bons et si hospitaliers pour moi, seraient perdus, et qu’on les soupçonnerait certainement d’avoir été corrompus par nous, a prix d’argent, pour tromper la justice, et le moins qui pourrait leur arriver serait le déshonneur, la prison, et qui sait, peut-être la peine perpétuelle pour prix de leur charité pour moi, le mal pour le bien ! la ruine et la prison pour un bon mouvement de leur cœur ! Non ! plutôt mourir que de me sauver la vie par un tel crime ! Et comment jouiras-tu en paix de la liberté et de ton bonheur avec Hyeronimo, en pensant que d’autres versent autant de larmes de douleur éternelle que tu en verses de bonheur dans les bras d’Hyeronimo ? Et lui-même, si juste et si bon, est-ce qu’il pourrait vivre de la mort d’autrui ? Non, non, non, il aimerait mieux mourir ! Ce n’est pas là ce que notre tante et notre père nous ont enseigné le soir dans la cabane, à la clarté de la lampe, dans le catéchisme ; d’ailleurs sans catéchisme, le cœur, ce catéchisme intérieur, ne nous le dit-il pas ?