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FIOR D’ALIZA.

CCLII

Je n’étais déjà plus triste, parce que je savais ce que l’ange m’avait dit la nuit, et je le suivis, avec l’autorisation du bargello, jusqu’à la loge sous l’escalier de son couvent voisin. Avant qu’il ouvrît la bouche, je fis un signe invisible à ma tante et je lui fis comprendre que l’exécution n’aurait peut-être pas lieu. Elle le dit tout bas à mon père sans que le père Hilario s’en aperçût ; puis ils reçurent la fatale nouvelle avec la résignation apparente de ceux qui n’ont plus rien à craindre ici-bas, que la fin de tout.

Le père Hilario leur dit seulement qu’il viendrait les chercher le lendemain secrètement, avant le lever du jour, pour donner devant eux la bénédiction mortuaire et la bénédiction nuptiale à leurs enfants. Il leur enseigna en même temps de garder le silence sur l’objet de la cérémonie, de prier Dieu dans leur cœur et de se taire devant le bargello, pendant que lui, le père Hilario, dirait la messe des morts et que l’enfant de chœur qui servirait la messe entendrait ; sans les comprendre, les paroles latines prononcées par le prêtre sur la tête des deux fiancés.

Je les embrassai tout en larmes, et je rentrai avec le père Hilario dans le guichet. Quelle journée, monsieur, que celle-ci, et comme j’aurais voulu tout à la fois en presser