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CHAPITRE IX.

en présence d’une jeune et admirablement belle femme qui pleurait d’attendrissement près de mon chevet.

Cette belle femme, comme je l’ai su depuis, c’était la duchesse de Lucques elle-même, la souveraine, et bien la souveraine en vérité, de beauté, de bonté et de pitié pour ses sujets. Mais que puis-je vous dire ? J’étais vivante, mais j’étais comme dans un rêve. On dit qu’elle m’interrogea, que je lui répondis, qu’elle fut attendrie, qu’elle envoya d’urgence un ordre, non pas de faire grâce, mais de suspendre l’exécution jusqu’au retour de son mari et de ramener Hyeronimo comme meurtrier dans son cachot.

CCLXII

Pour moi, elle me confia à la grande maîtresse du palais pour qu’elle me fît recevoir au couvent des Madeleines a Lucques, jusqu’au jour où mon père et ma tante viendraient m’y chercher pour me conduire au châtaignier.

Ah ! que de bénédictions nous lui donnâmes, quand ce jour fut arrivé et quand la femme du bargello, sauvée de tous soupçons par ma ruse, revint avec eux me reprendre, huit jours après, au couvent, pour entrer ensemble dans notre demeure ! Le petit Zampogna, joyeux comme nous, marchait plus vite qu’à l’ordinaire en remontant la monta-