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FIOR D’ALIZA.

liberté rejoindre, dans notre montagne, sa femme, son fils, sa mère et son oncle, et qu’il convenait que je disparusse immédiatement de Livourne, où ma jeunesse et ma figure faisaient trop de bruit et de scandale.

Je la remerciai de ses bontés, j’embrassai les deux chiens, mes fidèles gardiens de la cour ; je dis adieu en pleurant a Hyeronimo, et je partis en sanglotant, avant le soir, pour la cabane, avec mon enfant sur le dos ; je laissai ma zampogne à Hyeronimo pour le délasser en mon absence. Il y a justement demain six semaines qu’il doit être libre des galères ; peut-être, monsieur, le voilà qui débouche sur le pont de Lucques où j’ai tant pleuré un jour.

Elle prêta l’oreille du côté du pont.

CCLXXIII

Après être restée un moment l’oreille tendue du côté du pont, comme si elle devinait le pas de son amant et de son époux, un faible grincement de zampogne se confondit avec le vent, semblable au bourdonnement d’un moucheron, le soir, au soleil couchant, s’éteignit, se reprit, se grossit, et finissant par ne plus laisser de doute, monta rapidement par la montagne et finit par remplir l’oreille de Fior d’Aliza.

— Ah ! c’est lui, j’ai reconnu l’air, s’écria-t-elle, et pâ-