Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/302

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J’y vois ta grâce, ô ma mère !
Et toi, goutte trop amère
De mon calice de fiel,
Fleur à ma tige enlevée
Et dans mon cœur retrouvée,
Qui donnez son nom au ciel !

Apparitions célestes,
Disparaissant tour à tour,
Qui d’en haut nous font les gestes
Que fait l’amour à l’amour ;
Tendresses ensevelies
Sous tant de mélancolies,
Qu’un jour doit ressusciter ;
Feux que notre nuit voit poindre :
Oh ! mourons pour les rejoindre !
Vivons pour les mériter !

Un jour elle disait à celui qui la pleure :
« Le monde n’a qu’un son, la gloire n’a qu’une heure ;
Suspendez votre harpe aux piliers du saint lieu !
Mélodieux écho des accords prophétiques,
Chantez aux jours nouveaux les éternels cantiques !
Dieu donc n’est-il pas toujours Dieu ? »

Je lui jurai, Seigneur, de célébrer ta gloire ;
Et le vent de la vie emporta ma mémoire,