Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/439

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Puis, comme le flot du rivage
Reprend ce qu’il avait roulé,
Son dédain effaçait la page
Où son génie avait coulé.

Toujours errant et solitaire,
Voyant tout à travers la mort,
De son pied il frappait la terre,
Comme on pousse du pied le bord.

Et la terre a semblé l’entendre.
O mon Dieu ! lasse avant le soir,
Reçois cette âme triste et tendre ;
Elle a tant désiré s’asseoir !

Ames souffrantes, d’où la vie
Fuit comme d’un vase fêlé,
Et qui ne gardent que la lie
Du calice de l’exilé ;

Nous, absents de l’adieu suprême,
Nous qu’il plaignit et qu’il a fui,
Quelle immense part de nous-mêmes
Est ensevelie avec lui !

Combien de nos plus belles heures,
De tendres serrements de mains,
De rencontres sous nos demeures,
De pas perdus sur les chemins !