Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/452

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Semblables aux troupeaux serviles
Sur leurs pailles d’infections,
Ils ne vivent pas dans des villes,
Ces étables des nations :
Sur les collines et les plaines,
L’été, comme des ruches pleines
Les essaims en groupe pareil,
Sans que l’un à l’autre l’envie,
Chacun a son arpent de vie
Et sa large place au soleil.

Les éléments de la nature,
Par l’esprit enfin surmontés.
Lui prodiguant la nourriture
Sous l’effort qui les a domptés,
Les nobles sueurs de sa joue
Ne vont plus détremper la boue
Que sa main doit ensemencer ;
La sainte loi du labeur change :
Son esprit a vaincu la fange,
Et son travail est de penser.

Il pense, et de l’intelligence
Les prodiges multipliés
Lui font de distance en distance
Fouler l’impossible à ses pieds.
Nul ne sait combien de lumière
Peut contenir notre paupière,
Ni ce que de Dieu tient la main,
Ni combien de mondes d’idées.
L’une de l’autre dévidées,
Peut contenir l’esprit humain.