Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/454

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Cette loi qui dit à tous : « Frère, »
A brisé ces divisions
Qui séparaient les fils du père
En royaumes et nations.
Semblable au métal de Corinthe
Qui, perdant la forme et l’empreinte
Du sol ou du rocher natal,
Quand sa lave fut refroidie,
Au creuset du grand incendie
Fut fondu dans un seul métal !

Votre tête est découronnée,
Rois, césars, tyrans, dieux mortels,
A qui la terre prosternée
Dressait des trônes pour autels.
Quand l’égalité fut bannie,
L’homme inventa la tyrannie
Pour qu’un seul exprimât ses droits ;
Mais au jour de Dieu qui se levé
Le sceptre tombe sur le glaive ;
Nul n’est esclave, et tous sont rois !…

La guerre, ce grand suicide,
Ce meurtre impie à mille bras,
Ne féconde plus d’homicide
Ce sol engraissé de trépas.
Leur soif de morts est assouvie :
Sève de pourpre de la vie,
L’homme a sacré le sang humain ;
Il sait que Dieu compte ses gouttes,
Et vengeur les retrouve toutes
Ou dans la veine… ou sur la main !