Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/471

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De l’aurore à la nuit, de la nuit à l’aurore,
Ô cloche ! tu pleuras comme je pleure encore,
Imitant de nos cœurs le sanglot étouffant ;
L’air, le ciel, résonnaient de ta complainte amère,
Comme si chaque étoile avait perdu sa mère
            Et chaque brise son enfant !

Depuis ce jour suprême où ta sainte harmonie
Dans ma mémoire en deuil à ma peine est unie,
Où ton timbre et mon cœur n’eurent qu’un même son,
Oui ! ton bronze sonore et trempé dans la flamme
Me semble, quand il pleure, un morceau de mon âme
            Qu’un ange frappe à l’unisson !

Je dors lorsque tu dors, je veille quand tu veilles ;
Ton glas est un ami qu’attendent mes oreilles ;
Entre la voix des tours je démêle ta voix,
Et ta vibration encore en moi résonne
Quand l’insensible bruit qu’un moucheron bourdonne
            Te couvre déjà sous les bois !

Je me dis : Ce soupir mélancolique et vague
Que l’air profond des nuits roule de vague en vague,
Ah ! c’est moi, pour moi seul, là-haut retentissant !
Je sais ce qu’il me dit, il sait ce que je pense.
Et le vent qui l’ignore, à travers ce silence,
            M’apporte un sympathique accent.

Je me dis : Cet écho de ce bronze qui vibre,
Avant de m’arriver au cœur de fibre en fibre,