Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/473

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Si quelque main pieuse en mon honneur te sonne,
Des sanglots de l’airain, oh ! n’attriste personne,
Ne va pas mendier des pleurs à l’horizon ;
Mais prends ta voix de fête, et sonne sur ma tombe
Avec le bruit joyeux d’une chaîne qui tombe
            Au seuil libre d’une prison !

Ou chante un air semblable au cri de l’alouette
Qui, s’élevant du chaume où la bise la fouette,
Dresse à l’aube du jour son vol mélodieux,
Et gazouille ce chant qui fait taire d’envie
Ses rivaux attachés aux ronces de la vie,
            Et qui se perd au fond des cieux !

ENVOI


Mais sonne avant ce jour, sonne doucement l’heure
Où quelque barde ami, dans mon humble demeure,
Vient de mon cœur malade éclairer le long deuil,
Et me laisse en partant, charitable dictame,
Deux gouttes du parfum qui coule de son âme
            Pour embaumer longtemps mon seuil.