Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/128

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léger, maniable et fertile, est complétement inculte et nue. Les Turcs ont brûlé, pendant la guerre, des oliviers dont la forêt s’étendait jusqu’à la mer ; quelques troncs noirs subsistent encore. Nous entrons dans le bois d’oliviers et de figuiers qui entoure le groupe avancé des collines d’Athènes, comme d’une ceinture verdoyante. — Nous suivons les fondations évidentes encore de la longue muraille, bâtie par Thémistocle, qui unissait la ville au Pirée. — Quelques fontaines turques, en forme de puits, entourées d’auges rustiques en pierres brutes, sont placées de distance en distance. — Des paysans grecs et quelques soldats turcs sont couchés auprès des fontaines, et se donnent réciproquement à boire. — Enfin, nous passons sous les remparts élevés et sous les noirs rochers qui servent de piédestal au Parthénon. — Le Parthénon lui-même ne nous semble pas grandir, mais se rapetisser au contraire, à mesure que nous en approchons. — L’effet de cet édifice, le plus beau que la main humaine ait élevé sur la terre, au jugement de tous les âges, ne répond en rien à ce qu’on en attend, vu ainsi ; et les pompeuses paroles des voyageurs, peintres ou poëtes, vous retombent tristement sur le cœur quand vous voyez cette réalité si loin de leurs images. — Il n’est pas doré comme par les rayons pétrifiés du soleil de Grèce ; il ne plane point dans les airs comme une île aérienne portant un monument divin ; il ne brille point de loin sur la mer et sur les terres, comme un phare qui dit : « Ici, c’est Athènes ! Ici l’homme a épuisé son génie et porté son défi à l’avenir ! » — Non, rien de tout cela. — Sur votre tête vous voyez s’élever irrégulièrement de vieilles murailles noirâtres, marquées de taches blanches. — Ces taches sont du marbre, débris des monuments qui couronnaient déjà l’Acropolis avant sa restaura-