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4 septembre 1832.


Même absence du vent ; même incendie du ciel. La mer fume de chaleur, et ses eaux mortes sont voilées d’un brouillard qu’aucun souffle ne soulève. Nous épions à perte de vue les légères rides que quelques brises perdues tracent à sa surface : nous voyons l’une d’elles lentement s’approcher du brick, en rendant un peu de couleur vive à la mer ; elle donne une légère enflure à nos grandes voiles : le navire craque, et soulève un peu d’écume à sa proue. Les poitrines se dilatent ; on s’approche du bord où la brise est venue. On sent un peu de fraîcheur glisser sur son front, sous les boucles humides de ses cheveux ; et puis tout rentre dans le calme et dans la fournaise accoutumée. L’eau que nous buvons est tiède ; personne n’a la force de manger. Si cet état se prolongeait, l’homme ne vivrait pas longtemps. Heureusement nous n’avons que six semaines de ces chaleurs à craindre ; elles finissent au milieu d’octobre.