Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/167

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mer ne rendait qu’un petit frémissement de lame, qui m’annonçait que le brick marchait encore. Bientôt j’entendis les anneaux sonores de la chaîne de l’ancre se dérouler pesamment du cabestan ; puis je sentis ce coup sec qui fait vibrer tout le navire quand l’ancre a roulé jusqu’au fond solide, et mord enfin le sable ou l’herbe marine. Je me levai, j’ouvris mon étroite fenêtre. Nous étions arrivés, nous étions en rade devant Bayruth ; j’apercevais quelques lumières disséminées sur un rivage éloigné ; j’entendais les aboiements des chiens sur la plage. Ce fut le premier bruit qui m’arriva de la côte d’Asie ; il me réjouit le cœur. Il était minuit. Je rendis grâce à Dieu, et je m’endormis d’un profond et paisible sommeil. Personne n’avait été réveillé que moi sous le pont.