Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/182

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grés de bois, et forment ainsi un ensemble assez commode pour des hôtes qui viennent de passer tant de jours sous l’entre-pont d’un navire marchand.

À quelque cent pas de nous la mer s’avance dans les terres ; et vue d’ici, au-dessus des têtes vertes des citronniers et des aloès, elle ressemble à un beau lac intérieur ou à un large fleuve dont on n’aperçoit qu’un tronçon. Quelques barques arabes y sont à l’ancre, et se balancent mollement sur ses ondulations insensibles. Si nous montons sur la terrasse supérieure, ce beau lac se change en un immense golfe clos d’un côté par le château moresque de Bayruth, et de l’autre par les immenses murailles sombres de la chaîne de montagnes qui court vers Tripoli. Mais en face de nous l’horizon s’étend davantage : il commence par courir sur une plaine de champs admirablement cultivés, jalonnés d’arbres qui cachent entièrement le sol, semés çà et là de maisons semblables à la nôtre, et qui élèvent leurs toits comme autant de voiles blanches sur un océan de verdure ; il se rétrécit ensuite entre une longue et gracieuse colline, au sommet de laquelle un couvent grec montre ses murailles blanches et ses dômes bleus ; quelques cimes de pins parasols planent, un peu plus haut, sur les dômes mêmes du couvent. La colline descend par gradins soutenus de murailles de pierre, et portant des forêts d’oliviers et de mûriers. La mer vient baigner les derniers gradins ; elle s’écarte ensuite, et une seconde plaine plus éloignée s’arrondit et se creuse pour laisser passer un fleuve qui serpente longtemps parmi des bois de chênes verts, et va se jeter dans le golfe, que ses eaux jaunissent sur les bords. Cette plaine ne se termine qu’aux flancs dorés des montagnes. Ces montagnes ne s’é-