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tenant deux enfants sur chaque bras ; des femmes enveloppées de voiles blancs, à cheval, marchant au son du fifre et du tambourin, environnées d’une foule d’enfants vêtus d’étoffes rouges brodées d’or, et qui dansent devant leurs chevaux ; quelques cavaliers arabes courant le dgérid autour de nous sur des chevaux dont la crinière balaye littéralement le sable ; quelques groupes de Turcs assis devant un café bâti en feuillage, et fumant la pipe ou faisant la prière ; un peu plus loin, les collines désertes de sable sans fin, qui se teignent d’or aux rayons du soleil du soir, et où le vent soulève des nuages de poussière enflammée ; enfin, le sourd mugissement de la mer qui se mêle au bruit musical du vent dans les têtes de sapins, et au chant de milliers d’oiseaux inconnus ; tout cela offre à l’œil et à la pensée du promeneur le mélange le plus sublime, le plus doux, et à la fois le plus mélancolique, qui ait jamais enivré mon âme : c’est le site de mes rêves, j’y reviendrais tous les jours.




16 septembre 1832.


Nous avons passé tous ces jours dans le plaisir de la connaissance générale que nous avions à faire des hommes, des mœurs, des lieux, et dans les détails amusants d’un établissement au sein d’un pays entièrement nouveau. Nos cinq maisons sont devenues, avec l’assistance de nos amis et des