Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/202

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Arabes, Maronites, et à former des relations qui doivent nous rendre ce séjour agréable. Nous ne trouverions nulle part, en Europe, plus de bienveillance et d’accueil qu’on nous en prodigue ici : ces peuples sont accoutumés à ne voir arriver dans leur pays que des Européens adonnés au commerce, et dont toutes les relations ont un but intéressé ; ils ne comprennent pas d’abord que l’on vienne habiter et voyager parmi eux uniquement pour les connaître, et pour admirer leur belle nature et leurs monuments en ruines ; ils commencent par suspecter les intentions d’un voyageur ; et comme les traditions leur font croire que des trésors sont enfouis dans toutes les ruines, ils pensent que nous avons le secret de déterrer ces trésors, et que c’est là le but de nos dépenses et de nos fatigues ; mais quand une fois on a pu les convaincre que l’on ne voyage pas dans cette intention, que l’on vient seulement admirer l’œuvre de Dieu dans les plus belles contrées du monde, étudier les mœurs, voir et aimer les hommes ; quand, de plus, on leur offre des présents sans leur demander en échange autre chose que leur amitié ; quand on a avec soi, comme nous l’avons, un médecin et une pharmacie, et qu’on leur distribue gratis les recettes, les consultations et les médicaments ; quand ils voient que l’étranger qui leur arrive est fêté et considéré des autres Francs, qu’il a à lui un beau navire qui le porte à volonté d’un port à l’autre, et qui refuse de se charger d’aucun objet de commerce, leur imagination est frappée d’une idée de puissance, de grandeur et de désintéressement qui renverse tous leurs systèmes, et ils passent promptement de la défiance à l’admiration, et de l’admiration au dévouement.

Telle est leur disposition pour nous. Notre cour est sans