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prince, ne jugeant pas prudent de reparaître encore au milieu des siens, envoya son ministre, le scheik Beschir, pour sonder l’esprit public, et se retira dans le village de Homs pour attendre l’effet de ses négociations. Il travailla en outre à gagner l’esprit de l’émir Abbets, prince druze de Solima, qui jusque-là avait gardé la neutralité, et qui jouissait de la plus haute considération parmi les Druzes et les chrétiens, surtout ceux du district de Marcaeutre.

L’émir Abbest, jugeant la cause de l’émir Beschir juste, prit parti pour lui, et le sollicita de venir près de lui. Comme les communications étaient fort difficiles, il lui transmit sa dépêche par un Italien, frère laïque d’un couvent de Solima. Beschir se rendit au milieu de ses partisans, dont le scheik Beschir avait augmenté le nombre par ses largesses et son habileté, fondit avec impétuosité sur l’armée de ses rivaux, la dispersa, s’empara des deux princes, et les fit étrangler sans autre formalité.

Paisible possesseur de la puissance, l’émir Beschir se maria avec la veuve d’un prince turc, comme lui de la famille de Chab, et qu’il avait fait périr deux ans auparavant. Cette union le rendit maître d’une fortune immense. Avant d’épouser cette princesse, qui était d’une grande beauté, il la fit baptiser. Ce mariage fut des plus heureux. À l’âge de soixante-huit ans, la princesse était accablée d’infirmités, et d’une paralysie qui lui ôtait l’usage des jambes. Ils offraient cependant l’exemple de l’affection la plus vive et de la plus parfaite union.

En mourant, l’émir Joussef avait laissé trois enfants en