Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/266

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Le vice-roi lui fit un accueil des plus flatteurs, le traita avec tous les égards dus à sa position, le combla de présents, et le fit repartir pour la Syrie sur un des vaisseaux de l’amiral Sydney-Smith, avec une lettre pour Djezar pleine de reproches et de menaces, dans laquelle il lui intimait l’ordre de rétablir l’émir Beschir dans son commandement.

Le vice-roi était puissant : Djezar-Pacha se hâta d’obéir, car le ton de la dépêche lui fit sentir qu’il ne devait rien négliger pour satisfaire le prince Beschir. Il enjoignit donc aux fils de Joussef, qui n’osèrent y apporter aucune résistance, de se conformer en tout au traité ; et, jusqu’à sa mort, la paix la plus profonde régna entre les deux partis.

L’émir Beschir cependant ne se reposait pas entièrement sur la seule protection de Méhémet-Ali ; il voyait le parti des trois princes s’augmenter de jour en jour, et craignait de succomber sous quelque trame, car il connaissait la soif ardente de vengeance qui les animait contre lui. L’habileté dé leurs ministres, Giorgios-Bey et Abdalla, augmentait encore ses inquiétudes. Il résolut donc d’en finir avec eux par un coup décisif, capable d’imprimer la terreur dans l’âme de ses ennemis. Il profita, pour accomplir son projet, de l’investiture de Soliman-Pacha, qui succédait à Djezar. À cette époque, tout paraissait tranquille dans le Liban : les trois princes gouvernaient en paix leurs provinces, et semblaient se soumettre, sans arrière-pensée, à la suprématie que le traité accordait à leur ennemi, tandis que leurs ministres préparaient tout, secrètement, pour une nouvelle attaque.