Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/281

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uns allaient porter à l’émir des nouvelles de l’armée d’Ibrahim, les autres descendaient vers la côte pour transmettre les ordres du prince aux détachements commandés par ses fils, et qui sont campés dans la plaine. Rien n’est plus imposant et plus riche que le costume et l’armure de ces guerriers druzes. Leur turban immense, sur lequel serpentent, en rouleaux gracieux, des châles de couleurs éclatantes, projette sur leur visage bruni et sur leurs yeux noirs une ombre qui ajoute encore à la majesté et à la sauvage énergie de leur physionomie ; de longues moustaches couvrent leurs lèvres, et retombent des deux côtés de la bouche ; une espèce de tunique courte et de couleur rouge est un vêtement uniforme pour tous les Druzes et pour tous les montagnards : cette tunique est, selon l’importance et la richesse de celui qui la porte, tissue en coton et or, ou seulement en coton et soie ; des dessins élégants, où la diversité des couleurs contraste avec l’or ou l’argent du tissu, brillent sur la poitrine ou sur le dos. D’immenses pantalons à mille plis couvrent les jambes ; les pieds sont chaussés de bottines de maroquin rouge et de pantoufles de maroquin jaune par-dessus la bottine ; des vestes fourrées, à manches pendantes, sont jetées sur les épaules. Une ceinture de soie ou de maroquin, semblable à celle des Albanais, entoure le corps de ses plis nombreux, et sert au cavalier à porter ses armes. On voit toujours les poignées de deux ou trois kangiars ou yatagans, poignards et sabres courts des Orientaux, sortir de cette ceinture et briller sur la poitrine ; ordinairement les talons de deux ou trois pistolets incrustés d’argent ou d’or complètent cet arsenal portatif. Les Arabes ont tous en outre une lance dont le manche est d’un bois mince, souple et dur, semblable à un long roseau. Cette lance, leur arme