Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/305

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tige s’élève à la hauteur de la tête du chameau. Une fois une de ces collines ainsi décrite, vous les voyez toutes, à leur forme près ; et l’imagination peut se représenter leur effet, à mesure qu’elle les voit citées dans le paysage de la terre sainte. Nous marchions donc entre deux de ces collines, et nous commencions à redescendre légèrement en laissant la mer et la plaine de Ptolémaïs derrière nous, quand nous aperçûmes la première plaine de la terre de Chanaan : c’était la plaine de Zabulon, le jardin de la tribu de ce nom.

À droite et à gauche devant nous, les deux collines que nous venions de traverser s’écartaient gracieusement et par une courbe pareille, semblables à deux vagues mourantes, qui se fondent doucement et s’écartent harmonieusement devant la proue d’un navire ; l’espace qu’elles laissent entre elles, et qui s’élargissait ainsi par degrés, était comme une anse peu profonde que la plaine jetait entre les montagnes : cette anse ou ce golfe de terre, unie et fertile, formait bientôt une plus large vallée ; et là où les deux collines qui l’enveloppaient encore venaient à mourir tout à fait, cette vallée se fondait et se perdait dans une plaine légèrement ovale, dont les deux extrémités aiguës s’enfonçaient sous l’ombre de deux autres rangs de collines. Cette plaine peut avoir, à vue d’œil, une lieue et demie de largeur, sur une longueur de trois à quatre lieues. De l’élévation où nous étions placés au débouché des collines d’Acre, notre regard y descendait naturellement, en suivait involontairement les sinuosités flexibles, et pénétrait avec elles jusque dans les anses les plus étroites qu’elle formait en se glissant entre les racines des montagnes qui la terminent. À gauche, les hautes cimes dorées et ciselées du Liban jetaient hardiment