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haute nef à trois étages. L’étage supérieur est occupé par le chœur des Pères de la terre sainte, qui communique avec le couvent par une porte de derrière : l’étage inférieur est occupé par les fidèles ; il communique au chœur et au grand autel par un bel escalier à double rampe et à balustrades dorées. De cette partie de l’église et sous le grand autel, un escalier de quelques marches conduit à une petite chapelle et à un autel de marbre éclairés de lampes d’argent, placés à l’endroit même où la tradition suppose qu’eut lieu l’Annonciation. Cet autel est élevé sous la voûte, moitié naturelle, moitié artificielle, d’un rocher, auquel était adossée, sans doute, la maison sainte. Derrière cette première voûte, deux autels souterrains plus obscurs servaient, dit-on, de cuisine et de cave à la sainte famille. Ces traditions plus ou moins fidèles, plus ou moins altérées par le besoin pieux de crédulité populaire, ou par le désir naturel à tous ces moines possesseurs d’une si précieuse relique, d’en augmenter l’intérêt en en multipliant les détails, ont ajouté, peut-être, quelques inventions bénévoles au puissant souvenir du lieu ; mais il n’est pas douteux que le couvent, et surtout l’église, n’aient été primitivement construits sur la place même qu’occupe la maison du divin héritier de la terre et du ciel. Lorsque son nom se fut répandu comme la lumière d’une nouvelle aurore, peu de temps après sa mort, lorsque sa mère et ses disciples vivaient encore, il est certain qu’ils durent se transmettre les uns aux autres le culte d’amour et de douleur que l’absence du divin Maître leur avait laissé, et aller eux-mêmes souvent, et conduire les nouveaux chrétiens, aux lieux où ils avaient vu vivre, parler, agir et mourir celui qu’ils adoraient aujourd’hui. Nulle piété humaine ne pourrait conserver aussi fidèlement la tra-