Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/328

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tîmes des tentes pour aller nous baigner encore dans le lac, nous ne vîmes que les femmes des Arabes, peignant leurs longs cheveux noirs sur les terrasses de leurs chaumières, quelques pasteurs occupés à traire, pour nous, des vaches et des chèvres, et les enfants nus du village qui jouaient familièrement avec nos chevaux et nos chiens : le coq chantait, l’enfant pleurait, la mère berçait ou allaitait, comme dans un hameau paisible de France ou de Suisse. Nous nous félicitâmes d’avoir risqué une course dans une partie de la Galilée si redoutée et si peu connue, et nous ne doutâmes pas que le même pacifique accueil ne nous attendît plus avant encore, si nous voulions nous enfoncer dans l’Arabie : nous avions tous les moyens de traverser avec sécurité la Samarie et le pays de Naplouse, l’antique Sichem, par M. Cattafago, qui est tout-puissant dans cette contrée, et qui nous offrait de nous faire annoncer par ses nombreux amis arabes, et accompagner par son propre frère.

Des inquiétudes personnelles me forcent à renoncer à cette route et à reprendre celle de Nazareth et du mont Carmel, où j’espère trouver des exprès et des lettres de Bayruth.

Cependant nous remontâmes à cheval pour longer, jusqu’au bout de la mer de Tibériade, les bords sacrés du beau lac de Génésareth. La caravane s’éloignait en silence du village où nous avions dormi, et marchait sur la rive occidentale du lac, à quelques pas de ses flots, sur une plage de sable et de cailloux, semée çà et là de quelques touffes de lauriers-roses et d’arbustes à feuilles légères et dentelées, qui portent une fleur semblable au lilas. À notre gauche,