Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/331

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans sa doctrine même, et non dans ses impuissants organes. Voilà Tibériade, où il apparaît à saint Pierre, et fonde en trois paroles l’éternelle hiérarchie de son Église ; voilà Capharnaüm, voilà la montagne où il fait le beau sermon de la montagne : voilà celle où il prononce les nouvelles béatitudes selon Dieu ; — voilà celle où il s’écrie : Misereor super turbam ! et multiplie les pains et les poissons, comme sa parole enfante et multiplie la vie de l’âme ; voilà le golfe de la pêche miraculeuse ; voilà tout l’Évangile enfin, avec ses paraboles touchantes et ses images tendres et délicieuses qui nous apparaissent telles qu’elles apparaissaient aux auditeurs du divin Maître, quand il leur montrait du doigt l’agneau, le bercail, le bon pasteur, le lis de la vallée. Voilà enfin le pays que le Christ a préféré sur cette terre, celui qu’il a choisi pour en faire l’avant-scène de son drame mystérieux ; celui où, pendant sa vie obscure de trente ans, il avait ses parents et ses amis selon la chair ; celui où cette nature dont il avait la clef lui apparaissait avec le plus de charmes ; voilà ces montagnes où il regardait comme nous se lever et se coucher le soleil qui mesurait si rapidement ses jours mortels ; c’était là qu’il venait se reposer, méditer, prier, et aimer les hommes et Dieu.