Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/377

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grimpantes pendent en touffes de feuillage et de fleurs du haut des voûtes déchirées, et des oiseaux au collier rouge, et des nuées de petites hirondelles bleues, gazouillaient dans ces bosquets aériens, ou voltigeaient le long des corniches. La nature reprend son hymne là où l’homme a fini le sien.

En sortant de ce temple inconnu, nous parcourûmes à pied les différentes ruelles du village, trouvant à chaque pas des débris curieux et des scènes inattendues, formées par ce mélange de mœurs sauvages avec les beaux témoignages de civilisations mortes. Nous vîmes un grand nombre de femmes et de filles arabes occupées, dans les petites cours de leurs cahutes, aux différentes occupations de la vie pastorale : les unes tissaient des étoffes de poil de chèvre ; les autres étaient employées à moudre l’orge ou à faire cuire le riz ; elles sont généralement très-belles, grandes, fortes, le teint brûlé par le soleil, mais avec l’apparence de la vigueur et de la santé. Leurs cheveux noirs étaient couverts de piastres d’argent enfilées ; elles avaient des boucles d’oreilles et des colliers garnis du même ornement ; elles jetaient des cris de surprise en nous voyant passer, et nous suivaient jusqu’à d’autres maisons. Aucun des Arabes ne nous offrit le moindre présent ; nous ne jugeâmes pas devoir en offrir nous-mêmes. Nous sortîmes avec précaution de l’enceinte ; personne de la tribu ne nous suivit, et nous allâmes planter nos tentes à un quart de lieue de la grande muraille, au fond d’un petit golfe entouré aussi de murs antiques, et qui fut jadis le port de cette ville inconnue. La chaleur était de trente-deux degrés ; nous nous baignâmes dans la mer, à l’ombre d’un vieux môle que la vague n’a pas encore complétement emporté, pendant que nos saïs