Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/378

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dressaient nos tentes, donnaient un peu d’orge à nos chevaux, et allumaient le feu contre une arche qui servit sans doute de porte à ce port.

Les Arabes appellent ce lieu d’un nom qui veut dire rocher coupé. Les croisés le nomment dans leurs chroniques Castel Peregrino (Château des Pèlerins) ; mais je n’ai pu découvrir le nom de la ville intermédiaire, grecque, juive ou romaine, à laquelle appartenaient les grands restes qui nous avaient attirés. Le lendemain, nous continuâmes à longer les rives de la mer jusqu’à Césarée, où nous arrivâmes vers le milieu du jour ; nous avions traversé le matin un fleuve que les Arabes appellent Zirka, et qui est le fleuve des Crocodiles, de Pline.

Césarée, l’ancienne et splendide capitale d’Hérode, n’a plus un seul habitant ; ses murailles, relevées par saint Louis pendant sa croisade, sont néanmoins intactes, et serviraient encore aujourd’hui de fortifications excellentes à une ville moderne. Nous franchîmes le fossé profond qui les entoure, sur un pont de pierre à peu près au milieu de l’enceinte, et nous entrâmes dans le dédale de pierres, de caveaux entr’ouverts, de restes d’édifices, de fragments de marbre et de porphyre, dont le sol de l’ancienne ville est jonché. Nous fîmes lever trois chacals du sein des décombres qui retentissaient sous les pieds de nos chevaux ; nous cherchions la fontaine qu’on nous avait indiquée, nous la trouvâmes avec peine à l’extrémité orientale de ces ruines ; nous y campâmes.

Vers le soir, un jeune pasteur arabe y arriva avec un