Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/397

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cune de mes offres ne parvint à le séduire. « En temps de peste, me dit-il, je ne suis plus médecin ; je n’y connais qu’un remède : partir assez vite, aller assez loin, et demeurer assez longtemps pour que le mal ne puisse vous atteindre. » Il avait l’air de nous regarder avec pitié, comme des victimes prédestinées à aller chercher la mort à Jérusalem ; et d’un si grand nombre d’hommes que nous étions, il ne comptait en revoir que bien peu au retour. « Il y a quelques jours, me dit-il, que je me trouvais à Acre ; un voyageur revenant de Bethléem frappa à la porte du couvent des pères de Saint-François, ils ouvrirent ; ils étaient sept. Le surlendemain, les portes du couvent étaient murées par l’ordre du gouverneur ; le pèlerin et les sept religieux étaient morts dans les vingt-quatre heures. »

Cependant nous commencions à apercevoir la tour et les minarets de Ramla, qui s’élevaient devant nous du milieu d’un bois d’oliviers dont les troncs sont aussi gros que ceux de nos plus vieux chênes.

Ramla, anciennement Rama Éphraïm, est l’ancienne Arimathie du Nouveau Testament ; elle renferme environ deux mille familles. Philippe le Bon, duc de Bourgogne, vint y fonder un couvent latin qui subsiste encore : les Arméniens et les Grecs y possèdent aussi des couvents pour le secours des pèlerins de leurs nations qui vont en terre sainte. Les anciennes églises ont été converties en mosquées ; dans une des mosquées se trouve le tombeau en marbre blanc du mameluk Ayoud-Bey, qui s’enfuit d’Égypte à l’arrivée des Français, et mourut à Ramla.