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ports mystérieux entre l’invisible et le visible ! Qu’est-ce qu’elle prouve, cette langue ? Dieu et l’immortalité ! Ce n’est rien pour vous !




15 juillet, mouillés dans le petit golfe de la Ciotat.


Le vent favorable, un moment levé, s’est bientôt évanoui dans nos voiles. Elles retombaient le long des mâts, et les laissaient osciller au gré des plus faibles lames. Belle image de ces caractères auxquels manque la volonté, ce vent de l’âme humaine, caractères flottants qui fatiguent ceux qui les possèdent : ces caractères usent plus par la faiblesse, que les courageux efforts qu’une volonté rigoureuse imprime aux hommes d’énergie et d’action, comme les navires aussi qui, sur une mer calme et sans vent, se fatiguent davantage que sous l’impulsion d’un vent frais qui les pousse et les soutient sur l’écume des vagues.

Soit hasard, soit manœuvre secrète de nos officiers, nous nous trouvons forcés par le vent à entrer à trois heures dans le golfe riant de la Ciotat, petite ville de la côte de Provence, où notre capitaine et presque tous nos matelots ont leurs maisons, leurs femmes et leurs enfants. À l’abri d’un petit môle qui se détache d’une colline gracieuse, toute vêtue de vignes, de figuiers et d’oliviers, comme une main