Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/419

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élevé, et à travers lesquels le soleil faisait passer ses rayons.

C’était la montagne des Oliviers ; c’étaient ces oliviers eux-mêmes, vieux témoins de tant de jours écrits sur la terre et dans le ciel, arrosés de larmes divines, de la sueur de sang, et de tant d’autres larmes et de tant d’autres sueurs, depuis la nuit qui les a rendus sacrés. On en distinguait confusément quelques autres qui formaient des taches sombres sur ses flancs ; puis les murs de Jérusalem coupaient l’horizon, et cachaient le pied de la montagne sacrée : plus près de nous, et immédiatement sous nos yeux, rien que le désert de pierres, qui sert d’avenue à la ville de pierres : — ces pierres énormes et fondues, d’une teinte uniforme de gris de cendre, s’étendent, sans interruption, depuis l’endroit où nous étions jusqu’aux portes de Jérusalem. Les collines s’abaissent et se relèvent ; des vallées étroites circulent et serpentent entre leurs racines ; quelques vallons même s’étendent çà et là, comme pour tromper l’œil de l’homme et lui promettre la végétation et la vie ; mais tout est de pierres, collines, vallées et plaines : ce n’est qu’une seule couche de dix ou douze pieds d’épaisseur de roches, qui n’offrent qu’assez d’intervalle entre elles pour laisser ramper le reptile, ou pour briser la jambe du chameau qui s’y enfonce. Si l’on se représente d’énormes murailles de pierres colossales comme celles du Colisée ou des grands théâtres romains, s’écroulant d’une seule pièce, et recouvrant de leurs pans immenses la terre qui les porte, on aura une exacte idée de la couche et de la nature des roches qui recouvrent partout ces derniers remparts de la ville du désert. Plus on approche, plus les pierres se pres-