Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/432

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raison de leur part, mais qui les mène à de funestes conséquences !

À gauche de la plate-forme, du temple et des murs de Jérusalem, la colline qui porte la ville s’affaisse tout à coup, s’élargit, se développe à l’œil en pentes douces, soutenues çà et là par quelques terrasses de pierres roulantes. Cette colline porte à son sommet, à quelques cents pas de Jérusalem, une mosquée et un groupe d’édifices turcs assez semblables à un hameau d’Europe, couronné de son église et de son clocher. C’est Sion ! C’est le palais ! — c’est le tombeau de David ! C’est le lieu de ses inspirations et de ses délices, de sa vie et de son repos ! lieu doublement sacré pour moi, dont ce chantre divin a si souvent touché le cœur et ravi la pensée. C’est le premier des poëtes du sentiment ! c’est le roi des lyriques ! Jamais la fibre humaine n’a résonné d’accords si intimes, si pénétrants et si graves ; jamais la pensée du poëte ne s’est adressée si haut et n’a crié si juste ; jamais l’âme de l’homme ne s’est répandue devant l’homme et devant Dieu en expressions et en sentiments si tendres, si sympathiques et si déchirants. Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de cet homme ; et si l’on remonte à l’époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l’on pense qu’alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que le vin, l’amour, le sang, et les victoires des muses et des coursiers dans les jeux de l’Élide, on est saisi d’un profond étonnement aux accents mystiques du roi-prophète, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui comprend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui