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masses. Ce principe de vie manque à la nôtre, voilà pourquoi nous trébuchons, nous tombons, nous retombons, nous ne marchons pas : — le souffle de vie nous manque ; nous créons des formes, et l’âme n’y descend pas. — Ô Dieu ! rendez-nous votre souffle, ou nous périssons.




Malte, 28, 29 et 30 juillet 1832.


Séjour forcé à Malte, par une indisposition de Julia. Elle se rétablit ; nous nous décidons à aller à Smyrne en touchant à Athènes. Là, j’établirai ma femme et mon enfant ; et j’irai seul, à travers l’Asie Mineure, visiter les autres parties de l’Orient. Nous levons l’ancre, nous allons sortir du port ; une voile arrive de l’Archipel ; elle annonce la prise de plusieurs bâtiments par les pirates grecs, et le massacre des équipages. Le consul de France, M. Miége, nous conseille d’attendre quelques jours : le capitaine Lyons, de la frégate anglaise le Madagascar, nous offre d’escorter notre brick jusqu’à Nauplie, en Morée, et même de nous remorquer si la marche du brick est inférieure à la marche de la frégate ; il accompagne cette offre de tous les procédés obligeants qui peuvent y ajouter du prix : nous acceptons ; nous partons le mercredi 1er août, à huit heures du matin. À peine en mer, le capitaine, dont le vaisseau vole et nous dépasse, fait carguer ses voiles et nous attend. — Il nous jette à la mer un