Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/85

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Arrivés inconnus à Malte, nous ne voyons pas sans regret ses blanches murailles s’enfoncer au loin sous les flots. — Ces maisons, que nous regardions avec indifférence il y a peu de jours, ont maintenant une physionomie et un langage pour nous. — Nous connaissons ceux qui les habitent, et des regards bienveillants suivent du haut de ces terrasses les voiles lointaines de nos deux vaisseaux.

Les Anglais sont un grand peuple moral et politique ; — mais, en général, ils ne sont pas un peuple sociable. — Concentrés dans la sainte et douce intimité du foyer de famille, quand ils en sortent, ce n’est pas le plaisir, ce n’est pas le besoin de communiquer leur âme ou de répandre leur sympathie ; c’est l’usage, c’est la vanité qui les conduit. — La vanité est l’âme de toute société anglaise ; c’est elle qui construit cette forme de société froide, compassée, étiquetée ; c’est elle qui a créé ces classifications de rangs, de titres, de dignités, de richesses, par lesquelles seules les hommes y sont marqués, et qui ont fait une abstraction complète de l’homme, pour ne considérer que le nom, l’habit, la forme sociale. — Sont-ils différents dans leurs colonies ? Je le croirais, d’après ce que nous avons éprouvé à Malte. — À peine arrivés, nous y avons reçu, de tout ce qui compose cette belle colonie, les marques les plus désintéressées et les plus cordiales d’intérêt et de bienveillance. — Notre séjour n’y a été qu’une hospitalité brillante et continuelle. — Sir Frédérick Ponsonby et lady Émilie Ponsonby, sa femme, couple fait pour représenter dignement partout, l’un, la vertueuse et noble simplicité des grands seigneurs anglais, l’autre, la douce et gracieuse modestie des femmes de haut rang dans sa patrie ; — la famille de sir Frédérick Hankey, M. et ma-